Le besoin de défendre une éducation de qualité en France

Publicado: 17 octubre 2020 a las 9:00 am

Categorías: Artículos

  • PAR F.NUÑEZ

Réflexion et témoignage de mon expérience suite à une période de chômage, en pleine crise de la COVID-19 et dans ce pays voisin qui évoque toute sorte de rêves de vacances et cauchemars pour l’emploi: l’Espagne.

Je vous écris depuis Madrid, où j’ai choisi de m’installer avec mon copain français depuis 2017. Je suis mexicaine, je suis partie faire des études supérieures en France en 2004. 

Il faut dire d’abord que lorsque nous avons annoncé notre volonté de partir en Espagne à la famille et les amis en France, la première de choses qui nous a été dite est si nous n’avions pas peur de ne pas trouver du travail. Cela ne nous a pas fait peur. Pour nous cela représentaient que des croyances. La difficulté du marché du travail espagnol a été de trouver une première expérience dans le pays, car malgré des diplômes et des expériences professionnelles en France, les recruteurs restent assez réticents à l’embauche sans aucune expérience en Espagne. Néanmoins nous avons réussi à nous faire embaucher une première fois, et depuis nous avons même pu changer d’entreprise.

Au moins avant cette crise sanitaire, le marché espagnol du travail était assez dynamique: l’envoi d’un CV suffisait largement pour obtenir un premier entretien qui s’enchaîne assez vite après l’envoi du CV (si celui-ci intéresse le recruteur). Dans une semaine ou deux il était possible de passer tout un processus de recrutement.

Dans mon cas, je suis au chômage depuis fin juin 2020. L’entreprise dans laquelle je travaillais a fermé suite à la crise de la COVID-19 mais aussi à des problèmes qu’elle traversait depuis quelques années. J’avais été embauchée en mai 2019, donc cela faisait à peine un an que j’y travaillais. À la suite de l’arrêt de mon contrat, la première des choses que j’ai dû faire a été de demander un rendez-vous à l’équivalent du Pôle Emploi ici en Espagne (SEPE). Ici la date de la demande de rendez-vous fait foi pour les délais pour avoir droit au chômage. J’ai fait cette première demande à la mi-juillet et le premier rendez-vous proposé fût le 9 septembre.

Ce deux mois, juillet-août ont été galère, car lorsque l’entreprise a fermé, j’étais en arrêt maladie. Pendant deux mois je n’ai perçu aucune indemnité. Impossible de solliciter un service qui puisse m’indiquer comment procéder selon ma situation ou au moins pour savoir si j’avais droit à quelque chose! J’ai été dans le flou totale. À ce moment mon copain n’avait pas de travail et même s’il envoyait des candidatures, les embauches étaient assez rares. De plus avec l’arrivée de l’été, surtout au mois d’août, nous avions eu l’impression que tout a eu un coup d’arrêt assez net. La difficulté de mon copain aussi est qu’il ne parle pas encore assez bien l’espagnol, donc son embauche a une difficulté supplémentaire. Malgré cela il a réussi à se faire embaucher dans une entreprise française. Il a commencé le mois de septembre à travailler.

Un autre point à remarquer est au vu que l’entreprise où je travaillais a fait faillite, les indemnités correspondantes ne m’ont pas été versées tout suite après l’arrêt de mon contrat. J’ai dû faire une demande à une institution du gouvernement espagnol qui se charge de payer dans ces cas les anciens employés. Ils ont pris au total deux mois pour verser les indemnités, ce qui est assez rapide pour cette démarche (au début il m’avait été dit que les délais étaient d’entre 3 à 6 mois). La totalité de la somme je l’ ai reçue au mois de septembre.

C’est aussi pendant le mois de septembre que ma situation s’est éclaircie. Mon arrêt maladie a pris fin et mes droits au Pôle Emploi se sont ouverts officiellement. J’ai droit à 6 mois de prestation chômage, le premier versement devrait être début octobre.

Je suis donc depuis début septembre en recherche d’emploi active. Il y a deux semaines j’ai été contactée par des entreprises intéressées par mon profil trilingue, ma formation universitaire (Master en Histoire de l’Art) et mon expérience à l’étranger:13 ans en France et 3 ans en Espagne J’ai déjà eu deux entretiens et je continue dans le processus de sélection. Même si les offres d’emploi ont diminué, il y a des entreprises qui embauchent, au moins ici en Espagne. Les entreprises se sont très vite adaptées aux entretiens à distance avec des outils comme Skype ou Microsoft Meetings. L’expérience n’est pas la même lors d’un entretien online que sur place, mais au moins la capacité de réponse aux candidatures reste la même qu’avant le mois de mars. C’est assez rassurant car au moins en tant que candidat, on sait que si le CV leur semble intéressant ils ne vont pas hésiter à contacter.

Un point qui est clair pour moi, suite à cette crise, est que le plus beau cadeau que les parents peuvent offrir à leurs enfants est l’éducation. 

En France lorsque j’ai entendu dire et répéter que les diplômes de l’université “ne servent à rien” ou encore sur mon diplôme en Histoire de l’Art “qu’il ne débouchait sur rien”, “que j’allais être au chômage“, etc. Je peux leur dire aujourd’hui clairement que tous les diplômes: même ceux de la “fac” en sciences humaines qu’on n’arrête pas de discréditer et dire qu’ils servent à faire que des “chômeurs”, ils servent belle et bien, ils font des professionnels, des travailleurs. L’apprentissage des langues est aussi très important. Il est impératif de prendre conscience qu’un vrai investissement dans l’éducation des enfants est nécessaire. Encore plus important que leur offrir plein de jouets à Noël ou des belles vacances.

Ce sont mes diplômes universitaires (de l’université française et dans une filière dite “sans débouchés”) , mon investissement et celui de mes parents dans l’apprentissage des langues étrangères (qu’en France est souvent vu comme une “perte de temps”), qui me permettent aujourd’hui de m’apercevoir que j’ai des opportunités malgré la situation.

Le monde du travail est cruel et il discrimine malheureusement entre ceux qui ont des diplômes et ceux qui ne les ont pas. Dans le monde de l’entreprise, arriver avec des diplômes, même avec peu d’expérience, donne un certain poids et légitimité pour négocier des meilleurs salaires et conditions. L’accueil n’est pas le même, on n’est pas vu pareil. Ceci est quelque chose que les politiques se gardent bien de dire. Leurs politiques de démontage de l’éducation de qualité et accessible à tous, comme l’université, en prendraient un coup.

Malgré cette crise, il ne faut pas surtout oublier l’éducation. 

Il ne faut pas permettre que sous prétexte de “crise”, de “manque de place” ou de “ressources” on sacrifie l’accès à l’éducation universitaire des jeunes ou encore de façon plus large, à l’éducation de qualité à tous les niveaux.

Source de l’article:

https://blogs.mediapart.fr/fnunez/blog/151020/le-besoin-de-defendre-une-education-de-qualite-en-france

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