France: Claude Lelièvre : Un seul mot vous manque et tout est dépeuplé : République

Publicado: 27 marzo 2022 a las 10:00 am

Categorías: Noticias Europa

Par Claude Lelièvre

Sous le ministère de l’Education nationale dirigé par Jean-Michel Blanquer on s’était accoutumé à son expression favorite voire totem : « L’Ecole de la confiance ». Il en avait même  fait le titre de la loi du 26 juillet 2019 « Pour une école de la confiance ». Et puis soudain, à la rentrée scolaire 2021, changement à vue. Le 27 août 2021, la ligne de communication dans le message ministériel est encore sous le label de ”l’école de la confiance” ; le 3 septembre, la confiance est remplacée par ”la République” ».

 

On attendait donc avec confiance l’évocation de « l’Ecole de la République » ou de « l”Ecole républicaine », ou bien à tout le moins de « l’Education nationale » ou de « l’Ecole publique » au cours de la présentation par le président de la République Emmanuel Macron de sa candidature à sa succession le 17 mars dernier . Mais pas du tout ! On a eu droit aux seules nominations ”neutralisées” : le « système éducatif » ou « l’école ». Une inadvertance lors de ce quart d’heure d’oral sur les sujets scolaires? Mais c’est aussi dans sa version écrite. Et on peut faire le même constat à propos de  la présentation de son programme présidentiel sur le site ad hoc.

 

On sait que l’on peut faire confiance à Emmanuel Macron quant à  sa compétence dans le maniement des symboles.  Ce n’est donc pas un détail. Et c’est même on ne peut plus significatif, au rebours de l’intervention fort politique à laquelle s’était préparé Jean-Michel Blanquer : détournement à son profit de la thématique ”républicaine”, avec une constance digne d’un meilleur sort.

 

Dans cette élection pour la présidence de la République , il semble donc que le mieux est de ne pas parler  (ou le moins possible) de « sixième République », voire de la République (ou des institutions et du fonctionnement de la République), alors même que l’abstention menace plus que jamais.

 

Pour ce qui concerne – (comment dire?) – « l’Ecole », c’est pourtant ce que Ferdinand Buisson (le principal promoteur de l’Ecole républicaine  et laïque, à la tête de l’Enseignement primaire de 1879 à 1896) mettait au premier plan : « Le premier devoir d’une République est de faire des républicains […]. Pour faire un républicain, il faut prendre l’être humain si petit et si humble qu’il soit (un enfant, un adolescent, l’homme le plus inculte, le travailleur le plus accablé par l’excès de travail) et lui donner l’idée qu’il peut penser par lui-même, qu’il ne doit ni foi ni obéissance à personne, que c’est à lui de chercher la vérité et non pas à la recevoir toute faite d’un maître, d’un directeur, d’un chef quel qu’il soit, temporel ou spirituel[…]. Il n’y a pas d’éducation libérale si l’on ne met pas l’intelligence en face d’affirmations diverses, d’opinions contraires, en présence du pour et du contre, en lui disant : Compare et choisis toi-même » ( au congrès du parti radical de 1903)

 

Dès les débuts de la Seconde République instituée après les journées révolutionnaires de février 1848, la grande affaire du ministère de l’Instruction publique dirigé par Hippolyte Carnot a été de préparer en urgence un texte de loi présenté le 30 juin à l’Assemblée dans son contexte politique, à savoir le cadre du nouveau régime politique institué : la République. « La différence entre la République et la monarchie ne doit se témoigner nulle part plus profondément qu’en ce qui touche les écoles primaires. Puisque la libre volonté des citoyens doit désormais imprimer au pays sa direction, c’est de la bonne préparation de cette volonté que dépendront le salut et le bonheur de la France ». L’enseignement primaire doit être rendu obligatoire pour tous les enfants « parce qu’un citoyen ne saurait être dispensé sans dommage pour l’intérêt public d’une culture reconnue comme nécessaire au bon exercce de sa participation personnelle à la souveraineté »

 

Le suffrage universel paraît donc appeler à l’évidence et immédiatement l’instruction obligatoire universelle parce que chacun se retrouve, en République, « co-souverain », et que le « souverain »- collectif- ne sera éclairé que dans la mesure où tous ses membres le seront. Ces rappels historiques   républicains sont-ils si  loin de nous ?  Sont-ils intempestifs et/ou d’une actualité brûlante ?

 

 

 

Claude Lelièvre, « L’Ecole républicaine ou l’histoire manipulée. Une dérive réactionnaire » paru en février 2022 aux éditions «Le Bord de l’eau »

 

Source

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2022/03/25032022Article637837877508802959.aspx

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