France/ 14 Octobre, 2022/ Source/ http://www.cafepedagogique.net/

Par François Jarraud

Le budget 2023 sera encore une fois favorable à l’enseignement privé. C’est un des éclaircissements apportés par les “bleus budgétaires”, ces documents annexés à la loi de finances qui précisent les objectifs et les moyens du budget de l’Education nationale. Les bleus donnent aussi des indications sur la répartition de la revalorisation et sur les résultats attendus des programmes ministériels.

Le privé encore favorisé

Publiés par le ministère du budget pour les parlementaires, les “bleus budgétaires” détaillent le budget 2023 de l’Education nationale programme par programme. Et en 2023 encore, l’enseignement privé est nettement favorisé par le gouvernement. Quand on regarde le taux de croissance des crédits de paiement prévus en 2023, globalement pour les 6 programmes budgétaires de l’enseignement scolaire  on arrive à une hausse de 5.82%. Mais celle ci varie fortement selon les programmes. Ainsi c’est le programme “vie de l’élève” qui augmente le plus (+7.50%) en raison de la prise en charge des AED et de l’embauche de 4000 AESH. L’action sociale par contre stagne.

Si on s’en tient aux trois programmes relatifs aux enseignements, l’enseignement public du second degré  voit son budget n’augmenter que de 5.34%. L’effort est porté sur la formation (+6.26%) beaucoup plus qu’aux salaires (+5.36% pour les dépenses en collège, +5.32% en lycée). Le premier degré public est mieux loti avec une hausse de +6.04% de son budget, avec là aussi un effort pour la formation (+6.81%). A noter que le budget 2023 prévoit de faire bénéficier de la prime Rep les conseillers pédagogiques (coût 2.5 millions) ainsi que les psychologues de l’éducation de la spécialité EDO dans le 2d degré (1.6M).

Mais l’enseignement privé sous contrat avec l’Etat bénéficie d’une hausse plus importante. Son budget augmente en 2023 de 6.42% pour le pré-élémentaire et autant pour l’élémentaire, le collège et le lycée, y compris le lycée professionnel, le post bac et les dépenses de remplacement. En 2022 aussi le budget du privé augmentait plus vite que celui du public. Cela continue. Encore le ministère a t-il sous évalué le coût de la prise en charge par l’Etat des maternelles du privé suite à la loi Blanquer. Le ministère prévoit 29 millions de subventions aux maires en remboursement de leurs dépenses pour les écoles maternelles privées. L’enseignement catholique estime ce coût à 60 millions au minimum.

Pas de programmation pour la revalorisation

Autre enseignement budgétaire donné par les “bleus” : le gouvernement n’envisage pas de suite à la revalorisation prévue en 2023. Ainsi le budget prévu pour l’enseignement primaire en 2023 augmentera de 6.04%, puis de 2.88% en 2024 par extension des mesures de 2023, puis de 1.46% en 2025. L’enseignement privé est un peu mieux traité pour 2024 et un peu moins bien en2025.

Le ministère a aussi réparti la revalorisation prévue pour 2023 entre les différents programmes. Sur les 935 millions, 339 sont fléchés pour le premier degré, 400 pour le second et 183 pour le privé. Ces précisions encadrent la marge de manoeuvre de la concertation.

Les maths obligatoires en 1ère en 2023

Sur le terrain pédagogique, le ministère lève le voile pour l’enseignement mathématique en première générale. “Conformément aux engagements du président de la République, le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a décidé de réintroduire dès la rentrée 2022 un enseignement de mathématiques dans le tronc commun en classe de 1ère, à raison d’une heure et demie par semaine. D’abord facultatif, ce nouvel enseignement de mathématiques fera partie du nouvel enseignement « enseignement scientifique et mathématique » qui sera porté, dès la rentrée 2023, à 3 heures 30 hebdomadaires obligatoires”, précise lebleu budgétaire.

Des P.E. en 6ème

Un plan anglais au collège est aussi annoncé au collège. “Un plan d’action ambitieux est lancé en anglais avec la rédaction de repères qui proposent une progression claire et précise pour mieux former les élèves à comprendre, parler et écrire en langue étrangère. Des ressources pédagogiques et des banques d’exercices seront proposées aux professeurs de collège, qui vont ainsi disposer d’outils de test standardisés leur permettant d’entraîner régulièrement les élèves au fil de leur progression pédagogique”. Le collège est une des priorités de la rentrée et le ministère souhaite nommer des professeurs des écoles en 6ème. “Ces aménagements pourront aussi bien se traduire par un effort accru sur la consolidation du niveau en lecture ou en mathématiques, que par des modes d’intervention différents, associant notamment des professeurs des écoles à la prise en charge des élèves”.

Des effets spectaculaires attendus des plans français et maths

Le budget affiche aussi les objectifs chiffrés visés par le ministère. Ainsi la proportion d’élèves performants en français à l’entrée en 6ème devrait passer de 77% en 2021 à 80% dès 2023 et 82% en 2024. “Le déploiement du Plan français, qui bénéficie à un nombre croissant de professeurs et des mesures de dédoublement des classes en éducation prioritaire ou de plafonnement des classes hors éducation prioritaire, laisse présager une augmentation des valeurs de réalisation qui justifie une hausse des cibles notamment entre 2024 et 2025”. On est sur des hausses nettement plus rapides que ce que les évaluations ministérielles ont décrit jusque là. C’est encore plus fort enmaths : 69% en 2021, 74% en 2023, 76% en 2024. Là c’est les bienfaits du plan Maths qui sont évoqués.

Cadeaux

Certains indicateurs sont déjà totalement inadaptés à la situation. Ainsi le nombre de postes d’enseignants non pourvus à la rentrée : pourtant rédigé fin septembre, le bleu budgétaire annonce moins de 1100 postes à la rentrée 2022 et autant en 2023. On sait qu’il manque encore au moins un enseignant dans un tiers des collège set lycées un mois après la rentrée. Une autre information montre la dégradation de la santé scolaire. En 2020-21 on est passé en dessous des 1000 médecins scolaires avec seulement 843. Le nombre d’infirmières diminue aussi fortement :8527 en 2020-2021, 7579 en 2021-2022.

Une dernière partie de ce bleu budgétaire concerne les opérateurs de l’Education nationale. Cette année encore l’Onisep perd quelques moyens avec 329 postes sous plafond au lieu de 354 en 2022. Un des opérateurs voit sa subvention presque doubler de 2022 à 2023. Elle passe de 2.4 millions à 4 millions. C’est le Palais de la porte dorée, que Pap Ndiaye dirigeait jusqu’en mai 2022…

Les bleus budgétaires

Source

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2022/10/12102022Article638011510282026458.aspx